Le calendrier des arbres

Pour les Celtes, l’année était vécue en contact avec les arbres. Ils étaient divins. Nos régions sont riches de multiples essences et certaines d’entre elles étaient au centre de l’attention durant quelques semaines. Ce n’est pas un choix du hasard, car chacune offre sa singularité à cette période qui lui est propre. La culture celte était orale, de nombreuses traces ont donc été perdues ou transformées. Ces pratiques étaient et restent hybrides, en mouvement permanent et vectrices de liberté comme de créativité. J’en profite donc pour tisser ces liens, activer la poésie du vivant et y retrouver une part de magie. Je vous présente ci-dessous chacun de ces arbres ainsi que leurs vertus, leurs symboliques et les légendes qui les entourent.


J’ai créé un calendrier perpétuel des arbres ! Gravé en linogravure, il est imprimé en risographie en 5 couleurs. Je me suis inspirée des symboliques des arbres présentés ci-dessous pour graver ces illustrations. Elles accompagnent des chants que ces arbres m’ont inspirés, dont chaque poème est un extrait. Les noms des arbres et des mois sont indiqués en français et en breton. Chacun d’eux est lié à une lettre de l’Ogham, l’alphabet des arbres, et accompagné d’une possible traduction qui pourrait prendre source dans l’irlandais ancien. Les différentes fêtes païennes sont indiquées selon leurs noms modernes ainsi que les solstices et équinoxes qui marquent les changements de saisons. Pour en savoir plus et le commander, rendez-vous dans la boutique !


Les fagnes ardennaises en novembre 2018

LE BOULEAU – du 1er novembre au 28 novembre

Ogham : « Beth » (|—) = le pouvoir ; l’âge ; le commencement ; l’élan.

✧ « Bouleau » prend racine dans le mot indo-européen Bhirg, qui est aussi à l’origine de Brigitte, la déesse la plus importante du panthéon celte. On la dit patronne des bardes, des forgeron·nes et des guérisseur·euses. Arbre de la déesse, le bouleau porte donc en lui la force de la lumière et du commencement des temps.

✧ En décoction, ses feuilles, bourgeons ou écorce sont détoxifiantes. Elles nettoient et réparent les reins et purifient le foie. En usage externe, il est excellent pour la peau, soigne les eczémas, les problèmes de peau ou les blessures. En gemmothérapie, le macérât de bourgeon de bouleau aide à drainer le corps. Il est anti-inflammatoire et stimule la régénération osseuse. 


LE SORBIER – du 29 novembre au 26 décembre

Ogham : « Luis » (|=) = la force vitale ; l’amour ; la protection.

✧ « Sorbier » vient du latin Sorbe qui prend racine dans le mot indo-européen Sur, qui signifie « rouge ». En gaélique, il est appelé rowan et est à la racine du mot « red » en anglais. Une expression dit que « Là où poussent les sorbiers, les druides ne sont pas loin ». Il était considéré comme la nourriture des dieux. Associé au point cardinal du nord, il accompagne le processus d’introspection qui guide l’hiver. « Luis » invite ainsi à vaincre ses propres doutes et à faire preuve de prudence. Protecteur contre les enchantements, il accompagne de nombreuses incantations magiques. Associé au mystère et à l’intuition, il ouvre les portes de l’inconscient.

✧ En gemmothérapie, le bourgeon de sorbier est un fluidifiant sanguin, il aide à la régénération et la cicatrisation du tissu veineux. Il soigne ainsi les acouphènes et les maux de tête.


L’AULNE – du 27 décembre au 23 janvier

Ogham : « Fearn » (ᚃ) = la réconciliation ; les émotions ; la divination.

✧ « Aulne » vient du latin alnus qui fait référence à un lieu humide, un marais, un marécage, un espace où l’eau est très présente. Il veille sur les rivières, le flux de l’eau, qu’on associe généralement aux émotions et à la divination. Il forme des ponts, résout les conflits et aide à la réconciliation. Il prend soin et offre du repos. Il ouvre à la douceur, à la persévérance sereine grâce à une vision profonde.

✧ Le macérat de bourgeons d’Aulne glutineux a une action dite « à double vitesse » : il agit comme un antibiotique naturel, en traitant les infections et inflammations, et il a une action préventive, en préservant la mémoire.


LE SAULE – du 24 janvier au 20 février

Ogham : « Saille » (ᚄ) = Fertilité ; coopération ; créativité.

✧ « Saule » vient du vieux francique salha apparenté au germain salχaz et à l’anglais willow. Ils sont tous issus de la même racine indo-européenne wel qui signifie « rouler, tourner ». Le latin salix fait quant à lui référence au celtique Sal (proche de) et Lis (l’eau). Arbre de la lune, il invite à  accepter nos émotions profondes et à nous y connecter. Il active l’imagination et l’intuition et amène l’inspiration en nous reliant à la beauté. Il propose d’accepter les transformations incessantes que nous vivons dans les différents mondes. Arbre de la fécondité et de la maternité, il nous rappelle que les réponses sont en nous-même. En plongeant dans nos eaux intérieures, nous pouvons retrouver notre rythme profond et y déceler la lumière. Nous avons la possibilité de choisir ce que nous désirons créer.

✧ Le saule est antalgique et anti-inflammatoire. Ses feuilles aident à soigner les verrues. Le macérat de bourgeons de Saule blanc est connu pour son action calmante. Il soulage les angoisses, apaise les troubles du sommeil et les troubles digestifs d’origine nerveuse. Son écorce est à la base de l’aspirine. Elle a des vertus fluidifiante pour le sang et soulage les douleurs inflammatoires. Elle aide aussi à calmer les douleurs liées à l’arthrose.


À Liège, en 1993

LE FRÊNE – du 21 février au 20 mars

Ogham : « Nuin » (ᚅ) = Sagesse ; spiritualité ; ressourcement.

✧ Frêne vient du latin fraxinus qui rappelle le grec phraxis « clôture, haie ». Il est « Nuin », la 5ème lettre de l’alphabet des arbres celtes. Dans la cosmologie celtique, il connecte les trois cercles de l’existence – Abred, Gwynedd et Ceugant – que l’on interprète comme le passé, le présent et le futur ou pour certain·es la confusion, l’équilibre et la force créatrice. Il nous enseigne que nous sommes dans une continuelle renaissance, faite de cercle en cercle comme les stries d’un arbre. Tout est connecté, le bas comme le haut, le terrestre comme le spirituel, le soi et le cosmos. Le frêne est donc symbole de ressourcement, il est associé au Macrocosme et Microcosme, à la sagesse et la spiritualité.

✧ Le frêne a des propriétés anti-inflammatoires. Il prend soin des articulations, des tendons et des ligaments, ce qui lui vaudra le surnom « d’arbre des centenaires ». Puissant stimulant des reins, le macérât de bourgeons de frêne agit surtout en tant que draineur. Il permet ainsi de rétablir l’équilibre du système ostéo-articulaire en nettoyant le corps de l’excès d’acide urique et de ses toxines.


L’AUBÉPINE – du 21 mars au 17 avril

Ogham : « Huathe » (ᚆ) = Innocence, magie, union des polarités

✧ Aubépine vient du latin alba spina qui signifie « épine blanche ». Hermaphrodites, les espèces d’aubépine s’hybrident entre elles ce qui les rend difficiles à différencier. Elle est « Huathe », la 6ème lettre de l’alphabet des arbres celtes. Elle signifie « haut » et invite, au milieu du chaos, à se relier au calme, à la pureté, au respect de soi et de son corps. Elle porte en elle l’ombre et la lumière, la dualité et l’union des polarités. Elle console et protège.

✧ L’aubépine est une alliée du cœur. Elle agit de deux manières : d’un côté, elle est apaisante et calme l’anxiété, de l’autre, elle stimule la tension cardiaque et facilite la circulation du sang. En élixir floral, elle prend soin des anxiétés liées aux problèmes relationnels et affectifs et aide en cas de rupture ou d’abandon.


À Binic, en 2023

LE CHÊNE – du 18 avril au 15 mai

Ogham : « Duir » (ᚇ) = Force ; stabilité ; fertilité

Chêne vient du gaulois Cassanus, casses signifiant « bouclés ». Chêne pourrait ainsi signifier « le touffu, l’enchevêtré », ce qui rappelle ses  branches sinueuses et entremêlées. Il est Duir, la 7ème lettre de l’alphabet des arbres celtes (ᚇ). Symbole de solidité et de protection, il est à l’origine du mot door, « porte » en anglais. Elle peut se fermer pour  protéger mais aussi s’ouvrir et révéler une nouvelle forme de compréhension. En amenant de la vitalité, de l’harmonie et de la cohésion intérieure, Duir invite à s’ouvrir à quelque chose de plus vaste, de plus grand et nous offre la force d’affronter l’inconnu.  

Le chêne ramène de l’harmonie et de la cohésion dans le corps. En gemmothérapie, les bourgeons de chêne apportent vitalité et force, ils permettent de lutter contre la fatigue. Ils sont aussi un tonifiant sexuel et un stimulant hormonal. Associée à ses propriétés astringentes, l’écorce de chêne possède des vertus anti-inflammatoires naturelles, efficaces pour lutter contre l’inflammation des muqueuses. Elle est riche en tanin et aide en cas de problèmes digestifs ou intestinaux. La Fleur de Bach 𝑂𝑎𝑘 apprend à demander de l’aide quand nécessaire, à accepter de nous reposer et à lâcher prise quand le corps le réclame ou lorsque le travail nous submerge. 


LE HOUX – du 16 mai au 12 juin

Ogham : « Tinne » (ᚈ) = Défense ; dualité ; négociation

Le Houx, en latin Ilex, est un arbuste à feuillage persistant. S’il existe presque 400 espèces en Amérique et le sud-est asiatique, l’Europe n’en connaît qu’une seule, Ilex aquifolium. Ses feuilles sont ovales, épaisses, vert foncé et de formats variés ; lisses, ondulées ou épineuses. Pour éviter d’être dévorées par les grands mammifères, ses feuilles deviennent plus épineuses en hiver. Le houx a ainsi la capacité de se métamorphoser en fonction des saisons et de ses besoins.

Houx viendrait du proto-indo-européen *kulisos qui désigne une plante épineuse, tout comme aquifolium son nom latin. Il donne en anglais holly, homonyme de holy « sacré ».  Dans l’ogham, il est la 8ème lettre « tinne », elle signifie « la pointe » ou « la dent ». Elle agit en médiatrice. Le houx aide ainsi à renforcer sa protection et à résoudre les conflits. Des lances étaient fabriquées de son bois. Il invite à « s’armer » et à résister mais, pour ce faire, impose l’équilibre intérieur et le choix d’une direction. En renforçant la confiance en soi, il aide à s’affirmer mais met en garde contre l’arrogance ou le sentiment de supériorité. Si le combat est juste, le houx offre la vigueur et le courage nécessaires pour le mener.  

Le macérât de bourgeons de houx est un tonifiant hormonal et il peut soulager les rhumatismes. En Fleur de Bach, « 𝐇𝐨𝐥𝐥𝐲 » prend soin du sentiment d’insécurité, lié à une blessure affective ou un manque d’amour. Elle aide à se libérer de l’envie et de la jalousie. Elle ouvre le cœur et nourrit la confiance.  


À Saint-Rivoal en 2023

LE NOISETIER ET LE POMMIER – du 13 juin au 10 juillet

Ogham : Noisetier « Coll » (ᚉ) = Poésie ; impulsion ; inspiration
Ogham : Pommier « Quert » (ᚊ) = Beauté ; choix ; abondance

Le noisetier, aussi appelé coudrier, est un arbuste de la famille des Bétulacées qui s’épanouit principalement dans l’hémisphère nord, de la Turquie au Groenland. Il aime les terrains abandonnés, les clairières, les lisières de forêts et les bords de chemins. Le pommier, du genre Malus, fait partie de la famille des Rosacées. Originaire des montagnes d’Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, et Xinjiang en Chine), où on retrouve des forêts de pommier, on le retrouve entre 1 100 et 1 600 m d’altitude. Pommier et noisetier aiment la compagnie et ne poussent jamais seuls !

Corylus, coudrier, vient de l’indo-européen *koselo- et donne, en grec ancien, kórylos « capuchon ». La pomme est LE fruit cultivé. *abol, en indo-européen, donne apple en anglais, âbloko en russe ou avalou en breton — cette proximité étymologique dans des langues si diverses soulignent son origine très ancienne. Dans l’ogham, Coll est la 9ème lettre (ᚉ). Elle est le casque ou la cime d’une forêt, elle fait du collectif une adelphité. Elle symbolise la beauté, la générosité et l’amitié, tout en encourageant à l’ouverture, la découverte et l’accueil de nouvelles connaissances. Coll stimule la créativité et l’intuition. Le pommier, Quert (ᚊ), symbolise le choix et impose de concentrer son énergie pour aller au bout de ses objectifs. Elle ouvre à la beauté, la première médecine, celle du cœur. Elle invite aussi au plaisir, à la détente et à la douceur. Ses fleurs, à 5 pétales, forment en son cœur un pentagramme. Arbre des solstices, il symbolise la connaissance (fruit de science, de magie et de révélation) et l’immortalité.

Le macérat de bourgeons de Noisetier prend soin des bronches et des poumons et facilitent la respiration. Il protège les parois des vaisseaux sanguins et réduit le taux de cholestérol. Le macérât de bourgeons de pommier est antioxydant, protecteur vasculaire et régulateur des hormones stéroïdiennes. Il régule les hormones et le cholestérol. Il harmonise les cycles menstruels et aide en cas de pré-ménopause. La Fleur de Bach « Crab Apple » (pommier sauvage) nourrit l’acceptation de soi. Elle aide à se nettoyer intérieurement et permet de relativiser les pensées parasites pour retrouver un équilibre intérieur.


LA VIGNE ET LA RONCE – du 11 juillet au 7 août

Ogham : Vigne & ronce « Muin » (ᚋ) = Récolte ; célébration ; gratitude

Vignes et ronces sont des plantes compagnes depuis des millions d’années. Elles sont tous les deux des lianes fruitières. Si la seconde a moins bonne réputation que la première, elles sont pourtant toutes les deux de précieuses alliées de la forêt. La vigne pousse en spirale et assure à son hôte de l’humidité pour résister aux sécheresses. La ronce prépare la forêt en servant de protection aux jeunes arbrisseaux.

Vin pourrait signifier « tourné, noué, tressé » ce qui fait écho au fait que la vigne est une liane. Quant à 𝑹𝒐𝒏𝒄𝒆, il vient du latin 𝑟𝑢𝑚𝑒𝑥 qui signifie « dard ». 𝑅𝑢𝑏𝑢𝑠 est lié  au latin 𝑟𝑢𝑏𝑒𝑟, « rouge », qui rappelle la couleur de ses fruits (ils sont rouges avant de noircir) et de ses feuilles. Dans l’Ogham, l’alphabet des arbres celtes, 𝑀𝑢𝑖𝑛 ou 𝑀𝑢ℎ𝑛 est la 11ème lettre (ᚋ) et elle symbolise à la fois la ronce et la vigne. 𝑴𝒖𝒊𝒏 invite à communiquer ses sentiments et à libérer sa voix pour faire entendre sa vérité. Elle propose de se défaire de ses tabous et de ses peurs passées et mène vers la simplicité et la sincérité. Elle déjoue les principes de la raison qui confinent. En leur donnant foi, nos sens et nos émotions peuvent devenir des partenaires à notre épanouissement. La confiance envers autrui prend source dans la confiance en soi. 

La ronce est pleine de vertus et ne présente aucune toxicité. Elle prend soin des muqueuses et ses propriétés astringentes aident en cas d’indigestion, de maux de gorge, de troubles menstruels tout en étant utiles aux diabétiques. Les mûres prennent soin du cœur et la circulation sanguine. Les bourgeons de ronce consolident les os, réparent les fractures, aident en cas d’ostéoporose et d’arthrose. Ils drainent les poumons, en cas de bronchite. L’élixir floral de mûre sauvage donne la volonté nécessaire pour concrétiser et mettre en place nos projets. Elle aide à prendre conscience du flot de nos pensées et à manifester nos talents cachés. La vigne rouge possède de puissants principes actifs qui contribuent à la tonicité et à la protection des vaisseaux sanguins. En gemmothérapie, la vigne est anti-inflammatoire, elle agit sur les articulations, la sphère uro-génitale et cutanée. La Fleur de Bach « Vine » amène de la souplesse et invite à la remise en question. Elle propose de voir le meilleur chez chacun·e et d’agir pour le collectif afin de nourrir son épanouissement.


LE LIERRE – du 8 août au 4 septembre

Ogham : « Gort » (ᚌ) = Changement de perspective ; force intérieure ; reliance.

Le lierre grimpant, Hedera helix, est une liane arborescente à feuille persistante de la famille des Araliaceae. Son feuillage sert d’abri et de lieu d’hibernation pour plus de 700 organismes, insectes et animaux. Le lierre est un organisme mutualiste, c’est-à-dire qu’il aide d’autres espèces à se développer. En entourant un arbre, il le protège du feu, de fracture par le gel ou des animaux pouvant endommager son écorce. Ses feuilles ont la capacité d’absorber l’eau de pluie et la rosée, ce qui en fait un sujet d’étude depuis plus d’un siècle. En absorbant cet excès d’humidité, il aide au ralentissement de la propagation de certains champignons, bactéries ou parasites qui peuvent fragiliser l’arbre hôte. Il vit et meurt lié à son allié.

En latin, il s’appelle Hedera, lui même issu du mot Hedea qui signifie « la corde, l’attache ». Il viendrait de *hendere, « prendre, saisir ». Au fil des évolutions, il est devenu ierre ou yere, avant que le « l’ » s’y accroche lui aussi définitivement ! Dans l’Ogham, l’alphabet des arbres celtes, le lierre est « Gort », la 12ème lettre. Elle signifie en proto-celtique « enclos, cour » et nous met en contact avec nos ressources intérieures. Nous nous inspirons de l’extérieur, grâce à nos rencontres et nos expériences, mais aussi de l’inconscient collectif. Nous tourner vers l’intérieur, c’est aussi nourrir cette circulation nécessaire entre le dehors et le dedans. En apprenant à nous connaître, nous pouvons nous ouvrir à une force et une profondeur inconnues ou ignorées jusqu’alors. Le lierre symbolise cette force vitale, en soutenant et préservant notre structure intérieure comme il pousse autour du tronc d’un arbre, et activer l’énergie qui y vibre. Lié à la mort et à la renaissance, il est aussi signe de ce lien affectif qui nous unit au collectif, que ce soit nos proches ou le vivant qui nous entoure, cette attache précieuse et vitale qui peut aussi mener à l’expérience du deuil.

✧ L’infusion de feuilles fraîches ou sèches soulage les affections chroniques des voies respiratoires. Ses feuilles et ses tiges peuvent aussi aromatiser des boissons, des glaces et sorbets. La décoction ou l’alcoolature de lierre donne des effets sédatifs en application externe (en cataplasme) pour soulager différentes douleurs: névralgies, rhumatismes, ulcères, coup de soleil et cellulite. La présence de saponines en fait également une intéressante lessive.


À Brest en 2023

LE ROSEAU ET LE PRUNELIER – du 5 septembre au 2 octobre

Ogham : Roseau « Ngetal » (ᚍ) = Clareté ; souplesse ; ajustement

Ogham : Prunelier « Straif » (ᚎ) = Négativité ; acceptation ; transformation

Le roseau et le prunellier sont très différents. Si le premier est plutôt souple et léger, le second est redoutable et impose sa résistance et sa vigueur. L’un aime avoir les pieds dans l’eau tandis que l’autre se plaît dans les sols pauvres et rocailleux.

Roseau est un terme ambigu qui désigne une grande variété de plantes appartenant à la famille des graminées. Dans l’hémisphère nord, il aime avoir les pieds dans l’eau douce, et sa tige, creuse, porte à son sommet dès septembre une inflorescence le plus couramment sous forme de plumeau. Le prunelier fait partie de la famille des Rosacées. Couramment appelé Épine noire, il a de nombreux points communs avec l’aubépine, « l’épine blanche » avec laquelle il est  d’ailleurs souvent confondu.

Roseau vient de l’ancien français rosel qui vient du proto-germanique *rausą, « tuyau, roseau, tube ». Prunelier est quant à lui un dérivé de Prune, Prunus en latin, qui regroupe de nombreux arbustes à fruit dont le pruniers, le cerisiers et le pêchers. Prunus Spinoza désigne ainsi le prunier épineux. Dans l’Ogham, l’alphabet des arbres celtes, le Roseau est Ngetal (ᚍ). En accompagnant la transition de l’été à l’automne, il réunit ce qui est dispersé et aide à voir clair au milieu du chaos. Il amène de la souplesse mais aussi de l’élévation. Grâce à la musique, les profondeurs prennent voix et dévoilent leurs secrets. Le prunelier, quant à lui, est Straif (ᚎ) « querelle ». C’est du conflit que se révèlent nos besoins et nos limites. Toute situation de crise porte en elle une opportunité. En abordant les événements avec un regard négatif, ancré dans d’anciens schémas de pensée, c’est à soi-même que l’on nuit. Du tumulte peut apparaître une occasion renouvèlement.

L’acore (le roseau aromatique), d’origine asiatique, a été introduit en Europe occidentale et en Amérique du Nord à des fins médicinal. En Ayurveda, il aide au rajeunissant du cerveau et du système nerveux. Ses racines aident en cas de troubles digestifs, de bronchite et de sinusite et il prend soin des peaux sensibles. Le macérât de bourgeons de prunellier agit sur la fatigue et en particulier dans les changements de saisons. Antioxydant, il draine les toxines dans le corps et renforce le corps en cas de baisse d’immunité. Comme pour l’aubépine, il agit sur le cœur. En élixir floral, il aide dans les moments de transformation.


LE SUREAU – du 3 au 30 octobre

Ogham : « Ruis » (ᚏ) = finalité ; cycle ; régénération

✧ Le sureau est un arbuste qui fait partie de la famille des Adoxacées. Vivant ou mort, il est un vrai repère pour les insectes et les animaux. Son feuillage est dense et ses branches nombreuses, ce qui en fait un endroit idéal pour nidifier.  

Dans l’Ogham, l’alphabet des arbres celtes, le sureau est « 𝐑𝐮𝐢𝐬 », la 15ème lettre. Il signifie « rouge » ou « rougeur » et gouverne le 13ème mois de l’année et donc la fin du cycle. Il se répare et se répand facilement ce qui lui vaut d’être symbole de régénération. Il fleurit même dans les milieux les plus hostiles, signe de force et de persévérance. Médicinal, il aide à prendre soin de notre organisme. Il invite à envisager le monde sous toutes ses formes, visible ou invisible, et à faire communion avec lui. Il est inutile de résister au changement, tout est cycle, circulation et métamorphose : le fruit, source de l’ancien, donne le renouveau. Symbole de finalité, le sureau porte aussi en lui le commencement. Tout est continuité. Si notre quête arrive à son terme, 𝐑𝐮𝐢𝐬 propose de réfléchir à la suite. Il peut s’agir de s’ouvrir à de nouvelles aspirations ou de mobiliser les savoirs et expériences acquises pour initier le renouveau. Que choisissons-nous : accepter la métamorphose secouante ou cultiver la sécurité confortable et stagnante ? 

✧ Ses baies crues, qu’il s’agisse du sureau noir, rouge ou hièble, ne sont pas consommables. Les baies et les fleurs du sureau noir peuvent par contre être cuites et transformées. Elles ont des vertus diurétiques, elles nettoient le foie et aident à la fluidification des sécrétions bronchiques. Il aide en cas de rhumatisme.


À Brest en 2023

Koad, le sanctuaire

Dans nos légendes, les forêts sont peuplées d’êtres magiques et fantastiques. Elles reflètent un imaginaire de fascination et de peur. D’après Robert Harrison, elles étaient appelées 𝐿𝑜𝑐𝑢𝑠 𝑁𝑒𝑚𝑖𝑛𝑖𝑠, « lieu n’appartenant à personne ». (…) La ville et la forêt étaient profondément opposées l’une à l’autre, l’une incarnant la culture et l’autre la nature. En entrant dans la forêt, nous devenions « 𝐩𝐞𝐫𝐬𝐨𝐧𝐧𝐞 ».  

𝕶𝖔𝖆𝖉, en breton et en irlandais ancien, signifie forêt, bosquet. C’est le sanctuaire, cet espace précieux et vital qui nous permet de respirer, de manger, de nous soigner et de nous régénérer. C’est une cathédrale en mouvement permanent. Si on y est « personne », c’est peut-être parce qu’au cœur de la forêt on est « tout ».

Rencontrer la forêt, c’est entrevoir une part de nous-même.
C’est accueillir notre multiplicité.
C’est conscientiser que nous sommes partie intégrante du vivant.
C’est nourrir l’entraide et le partage.
En prenant soin des forêts, nous prenons soin de nous.
Ainsi que de celleux qui nous suivent. 


À propos du calendrier des arbres

Je vous présente ici l’𝐚𝐧𝐜𝐢𝐞𝐧 calendrier des arbres celtes. L’année y démarre au mois de novembre avec le bouleau, au moment de la fête des mort·es, ce qui fait sens à mes yeux d’un point de vue symbolique. Pourtant, la plupart des calendriers des arbres dits « modernes » suivent le cycle solaire. Le bouleau étant lié à la renaissance, il prend donc place dès le solstice d’hiver, à la renaissance du soleil. De nombreux autres calendrier des arbres suivent une roue complexe avec des répétitions et des mouvements dont je n’ai, pour ma part, pas connaissance.

Rien ne peut affirmer qu’il ait existé sous cette forme ou sous une autre, ni même qu’il ait véritablement été usité par les celtes puisque leur culture était orale. Il peut avoir été réinterprété au fil du temps, et en particulier à l’époque romantique où de nombreux artistes ont porté attention à ces pratiques disparues. Le terme « celte » est d’ailleurs lui-même très vaste et flou.  

Aujourd’hui, nous vivons au rythme du calendrier solaire, qui accompagne le rythme des saisons et des travaux agricoles. Les mois y sont nommés en fonction de divinités grecques et latines. Seul le mois de février varie afin de nous assurer une certaine régularité. Le calendrier des arbres celtes pourrait originellement suivre une logique lunaire. Cette forme est intéressante mais aussi très particulière puisque les lunaisons durent 29 jours. Un décalage s’opère par rapport à la temporalité que nous connaissons habituellement.

Pour ma part, je vous partage un calendrier luni-solaire. Cela permet de concilier ces deux versions mais aussi de garder un certain lien avec notre conception du temps. C’est peut-être la raison pour laquelle les symboliques des arbres rappellent certains aspects de l’astrologie moderne. L’expérience lunaire pourrait pourtant être intéressante. Qui sait, peut-être qu’un jour je l’explorerai !

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Le projet

Envisager l’année avec les arbres, c’est s’ouvrir à une autre forme de temporalité — notre rapport au temps reste construit et influencé par la culture dans laquelle on grandit — mais ça permet aussi de ne pas porter son regard uniquement vers le ciel et les étoiles. L’aménité environnementale fait référence à ce don inestimable que nous offre la « nature » (à défaut de trouver un autre terme), tant par ses bienfaits physiques et thérapeutiques que par les plaisirs sensoriels qu’elle procure. En y prêtant attention, s’entrouvre aussi notre part de responsabilité et une nécessaire humilité.

Le bois est une ressource très demandée. Il connaît une spéculation agressive et nos forêts sont nombreuses mais trop souvent rectilignes, rangées, axées sur le profit. Les nombreux feux de forêt de cet été ont aussi témoigné de l’impact du réchauffement climatique sur nos vies. En renouant avec cette part sacrée des arbres, j’espère contribuer à notre reliance à notre environnement. Je n’ai pas le souhait de cultiver une forme de nostalgie en nourrissant des discours du passé. Je n’ai pas non plus le désir d’alimenter une pensée essentialiste ou nationaliste. La culture celte était orale, de nombreuses traces ont donc été perdues ou transformées. Ces pratiques étaient et restent hybrides, en mouvement permanent et vectrices de liberté comme de créativité. J’en profite donc pour tisser ces liens comme un laboratoire pour de nouveaux possibles. C’est un moyen de nourrir la poésie du vivant et d’y révéler ses merveilles.


Sources :

Florence Laporte et Isabelle Frances, La magie des druides : secrets et symbolique des plantes sacrées (Rustica, 2018)
Sharlyn Hidalgo, Rites de magie celtique : les cérémonies des treize lunes et de Samhain (Danaé, 2020)
Liz Murray, Oracle celtes des arbres (Le Courrier du Livre, 2015)
Philippe Domont et Édith Montelle, Histoires d’arbres : des sciences aux contes (Éditions Delachaux et Niestlé 2003, réédition 2014)
Robert HarrisonForêts : essai sur l’imaginaire occidental (1992)
François Couplan et Gérard Debuigne, Le petit Larousse des plantes médicinales (2009)